Egarés dans la montagne, voici la piste,
égarés dans le nuage d’orage, voici le ciel,
avant qu’un autre jour de peine n’arrive.
Nous sommes là, face à face,
près d’une source vive.
Deux coeurs qui sont uniques
jointifs uniques couleurs,
jointifs uniques battements
comme une braise dans le brouillard.
On parle toujours d’amour,
on parle toujours d’eau fraîche
et il est vrai que nos trouvailles viennent de faire éclore
une fontaine perpétuellement intarissable.
L’eau en coule d’aussi mystérieuse façon
que coule en nous ce fluide étrangement solide.
Notre connaissance est un cristal d’amour
qui sur tout, qui sur tous, va se répendre.
Moment d’exception sur le temps conjonction
une fulgurante fraction de seconde en fonction,
le miroir pour la première fois
aisément nous le traversons,
pénétrons dans notre premier trait d’union :
l’acte de notre état d’amour.
Attractions chimiques précises disent les vénérables
et pour combien de temps durables.
Mais que nous importe cette information un peu folle.
Notre rencontre est jour de naissance
que chaque année nous fêterons.
Jour de naissance, celui de nos confidences,
toutes les attentions, tous les enfantements
et croisements réunis,
pour nous qui nous sommes aperçus
moi à un bout, toi à l’autre bout de l’avenue.
S’agit-il alors de ces vapeurs brumeuses,
filandreuses de chimie baladeuse... ?
Dans l’après-midi nous avons écrit
sur le mode du cadavre exquis,
chacun notre tour une phrase cachée,
à la ligne suivie d’une phase cachée
ainsi de suite jusqu’au bas de la page.
Le cache enlevé, les coeurs soulevés,
nous nous sentions enfants sur le chantier
de jeux et de découvertes d’amours à réaliser...



© Pierre Shasmoukine