Un jour au bout du pré la Pomme roula et rencontra
tombé lui au bout du verger,
un bel Épi de Maïs moustachu.
A ce moment,
un rayon de soleil caressant se posa sur eux,
un hasard.
Ils s’aimèrent aussitôt
et leur amour bientôt fut tel,
qu’autour d’eux,
l’on entendait une chanson éternelle,
murmurée, lèvres closes.
Sous l’eau il y avait une grotte.
Ils allèrent s’y cacher.
Tous les matins, gaiement,
l’Épi de Maïs qui aimait follement la Petite Pomme,
lui offrait un de ses grains.
Et plus l’Épi s’égrenait,
plus la Petite Pomme se trouvait ronde et verte,
belle et séduisante.
Autour d’eux,
on entendait maintenant
chanter des voix puissantes.
Un jour, la Pomme se réveilla,
et à côté d’elle,
ne trouva qu’un épi sec et chauve,
sans plus aucun grain doré à lui donner.
Perdant la tête, elle le jeta dans le feu.
Personne n’entendit plus rien autour d’eux.
Troublée malgré tout par son geste fou,
le petite Pomme s’assit devant son petit miroir
pour y retrouver sa ronde beauté rassurante,
mais elle ne put y voir,
yeux écarquillés, horreur grandissante,
qu’une petite chose ridée,
qu’une petite chose pourrissante,
vaguement encore un peu dorée.

© Pierre Shasmoukine 1975
Illustrations Pierre Shasmoukine