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oper-sexis
Fantasme 2
Acte 7 : Chorégraphies sexuelles

Et je t’offrirai un bijou
Peinture
Technique mixte sur bois
80 x 60
1998


Viens dans cette chambre.
Nous y regarderons le ciel, allongés,
pour voir si demain il pleuvra,
sur notre petite maison au toit pointu.
L’or autour.
Viens dans cette chambre allongée,
regarder le ciel oppressé d’avenir opaque et incertain
,
prenant nos mains serrées pour nous rassurer :
ce ciel n’est qu’un miroir,
et l’univers serein pour toujours est juste de l’autre côté.
Toi, tu ne regardes ni ciel, ni miroir,
mais attends dans l’instant allongée,
yeux clos et lèvres ouvertes,
que vienne la chair excitée et dure de ma bite,
dure de désir, dure d’émotion, s’enfoncer,
et frénétique, aller et venir dans ta bouche qui s’est fermée,
suceuse, aspirante, pointe de langue léchante.
Quand, du rythme je giclerai pour t’engluer la gorge,
en laissant aussi quelques gouttes au bord de tes yeux,
tu me laisseras ensuite, lécher,
tes reins, tes seins, tes grains de peau douce.
Une moiteur, une douceur se posent,
puis viennent les petits râles,
quand ma langue se file entre tes cuisses,
aspire, lèche et suce longtemps,
en attente du long cri suffocant,
que je fais durer en insistant,
te maintenant prisonnière,
étau de mes jambes, de mon torse, de mes bras, de mes dents,
seul le bout de ma langue doucement bougeant
jusqu’à ton hurlement de jouissance exaspérée,
qui projette, nerveusement dans l’espace, mon corps.
S’estompent, vers le silence, ces râles de gorge,
se réinstallent la douceur, torpeur, moiteur,
qui nous rendent sourds au mouvements des formes informes.
Des courbes incolores de cristal, de blanc, de noir et d’or,
qui montent comme les frissons des mirages,
du fond de notre cave.
Se lovent et glissent lentement dans les couloirs,
et sur les paliers vers notre chambre,
les formes informes de langues tentaculaires,
du fastueux bijou que je dois t’offrir.

Il est devenu avec les siècles, monstrueux et impatient, ce bijou,
que mon ancêtre, vautré pêle-mêle, gluant,
moitié sur la berge boueuse,
moitié sur la fille au sexe ouvert,
a fait glisser du moignon ensanglanté de la jeune fille
à la bouche pleine de bulles de douleur,
de boue et d’horreur, devant sa main tranchée.
Le jour était rendu pâle d’une neige qui venait de loin.
Le bouriate avait mal jouit de la fille surprise et forcée,
mais mon sauvage ancêtre sur cette rive de vent glacé,
et d’herbe mouvante pour tout horizon,
tout entremêlé de boue, de sang et gluant,
et de honte et d’amer, fut une seconde aveuglé,
quand il plongea dans l’image,
que ce bijou de cristal, d’or, de blanc et de noir,
devait être un jour d’amour,
offert à la plus tendre des filles par le plus tendre des amants.
Mon ancêtre qui venait de voir l’amour fut bouleversé.
Il n’eut qu’une seconde pour penser qu’il aimait cette fille.
Lui rendre sa main et son bijou
enlever la boue, les larmes et le gluant,
ne désirer que l’effleurement d’une caresse.
Et il fut aussitôt électrocuté par cette pensée.
Mort, les larmes coulèrent sur ses joues.
La jeune fille traîna longtemps son ventre,
et son bras dans la steppe, et survécu.
Depuis, elle et les enfants de son enfant, et jusqu’à moi,
sont enrobés d’étranges toiles de mélancolie araignée.
Depuis le bijou de cristal, lui, s’est enfoui dans la boue,
et fait son chemin jour après jour, d’années en années,
de flocons en étoiles, de ruisseaux en ravins,
à travers tous les sables et tous les granits.

Aussi, ce jour d’amour ou je t’enlace dans mes bras,
tes mains posées à plat sur ton ventre qui respire, comblé,
et tes lèvres qui frémissent sur ma paupière.
J’attend l’instant de plénitude.
Encore un peu de temps,
avant de t’offrir ce bijou impatient,
qui est là aujourd’hui derrière la porte
de la chambre de notre maison.
Cette maison que je trouvais immense quand j’étais petit,
mais qui aujourd’hui pleine de toi et de ce bijou,
me semble minuscule.
Dehors, la pluie a cessé de tomber.
L’angoisse des univers incertains échappe aux actes de l’amour.
Ce bijou de cristal, d’or, de blanc et de noir,
qui attend depuis si longtemps, respire,
et je me lève pour lui ouvrir la porte.
Pendant que toi, assoupie,
tu es avec le petit roitelet qui vient de tisser son nid,
dans un coin protégé de ton rêve.
A ton réveil, sur ton bras,
le bijou aura retrouvé sa forme et son usage.




© Pierre Shasmoukine


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